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Les Chevaliers du Ciel

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L’Armée de l’Air

La série fut produite avec l’indispensable accord de l’Armée de l’Air. Accord qui fut facilité par la popularité de la bande dessinée qui paraissait dans Pilote et par la rigueur des situations décrites par le scénariste. Grâce à cela, l’équipe put filmer les Mirage III, version B et C, les Vautour, Noratlas, Neptune, Fouga, DC-6, Étendard, Catalina et Paris. Elle disposa aussi des moyens techniques comme les Jeeps, de l’infrastructure même de la base et de la participation de son personnel. Ce sont souvent les techniciens au sol ou navigants qui apparaissent dans la série, jouant ainsi leur propre rôle. Il est d’ailleurs assez aisé de repérer ceux paralysés par le trac…
Très souvent les pilotes sont vus dans leur verrière, en plein vol. Ces plans étaient bien évidemment filmés au sol, avec des fumigènes pour imiter les nuages et des mouvements de caméra pour simuler les évolutions.
Dans l’épisode 7, la réalisation de la scène où des oiseaux s’écrasent sur le pare-brise d’un Mirage III fut plus difficile. On essaya d’abord en lâchant des pigeons sur le cockpit d’un avion, mais ceux-ci de dispersaient dans tous les sens. On utilisa ensuite le ‘canon à poulets’ qui tire des volailles en guise d’obus et qui est utilisé pour étudier l’ampleur des collisions avec des oiseaux. Mais la régularité des coups de canon est peu crédible quand il s’agit de simuler un accident naturel. Enfin, une méthode bien traditionnelle fut utilisée, avec succès : ce sont des machinistes qui jettent des volailles non-plumées sur l’avion.
Les activités habituelles de la base de Dijon furent incluses dans les scénarios. En fait, les tournages étaient prévus au moment des exercices aériens. Il arrivait aussi que les missions soient modifiées pour se caler plus facilement avec l’histoire. Mais pas question bien sûr de perturber l’activité habituelle de la base. Résultat : ce que nous voyons dans les épisodes est le plus souvent ce qui se déroula effectivement pendant la période de tournage, et donne ainsi à la série un aspect quasi documentaire, surtout à notre époque.
Pour les combats aériens, on filma au sol un Mirage III effectuant une série de tirs réels contre une butte de terre. Les plans d’explosions étaient extraits du catalogue cinématographique de l’Armée.
Avoir accès aux installations et aux avions ne suffit pas : faut-il encore pouvoir les filmer ! Obtenir des images valables d’avions volant à Mach 2 demanda de choisir un appareil assez rapide pour voler en formation avec eux, mais aussi adapté à la prise de vue cinématographique et qui ne nécessitait pas pour le cameraman de longs mois d’entraînement ou un harnachement trop encombrant. Seul le Paris répondait à toutes les conditions requises. Cela demanda aux Mirage de voler à une vitesse compatible avec celle, plus réduite, du Paris et d’exécuter certaines manuelles aux limites du décrochage.
Ce système s’avéra particulièrement efficace quand il fallut filmer les évolutions d’une patrouille serrée, au milieu des nuages à 800 km/h.
Parmi les séquences les plus difficiles de toute la première série, une scène d’une trentaine de secondes dans le 8ème épisode. Un avion espion est repéré et une poursuite s’engage. Le scénariste, Jean-Michel Charlier avait imaginé que l’avion espion se réfugiait au-dessus de Paris pour éviter d’être descendu et survolait la capitale à très basse altitude pour échapper aux radars. De son propre aveu, il avait peu d’espoir de voir cette scène effectivement tournée mais, contre toute attente, la Préfecture de Police, avec le contrôle aérien du territoire, donna une autorisation exceptionnelle. Les conditions furent draconiennes : une demi-heure seulement, trois passages au-dessus de la Seine, où les pilotes pourraient se crasher en cas de panne. Charlier raconte ensuite dans Icare, magazine de l’Armée de l’Air :
‘Le 12 juillet 1966, entre 20h30 et 21 heures, un T-33, sans la moindre immatriculation, camouflé en guerre et tous feux éteints, cercla par trois fois au-dessus de la capitale, à 250 mètres d’altitude, escorté par l’inévitable Paris. Des dizaines de Parisiens affolés appelèrent la Préfecture. La garde du Palais Bourbon s’émut, craignant un attentat, et les pilotes du T-33 pirate, les commandant Saulnier et Flamant, contraints de se poser à la base de Creil pour ravitailler, furent obligés à d’invraisemblables détours pour gagner le parking : on ne voulait pas qu’ils passent trop près des Mirage IV, armés de bombes atomiques, qui y sont basés.’
Le but avoué de la série, et la raison pour laquelle autant de liberté fut accordée à l’équipe de production était, qu’à l’évidence, ce feuilleton populaire allait servir de vitrine pour les forces militaires aéronautiques françaises. Il fut atteint au-delà de toute espérance, en facilitant la vente de Mirage V à la Belgique par exemple.
Chaque épisode coûta 130 000 francs et fut tourné en treize jours. A titre de comparaison, on estime qu’un long métrage, à l’époque avait un budget de 3 millions.

Les avions

Les avions que pilotent Tanguy et Laverdure sont des Mirage III développés et construits par Dassault. Basé sur le Mirage II, le premier prototype obtint l’aval des services officiels en avril 1957, qui commandèrent 10 appareils de présérie et 100 appareils de série dès l’été 1957. Le Mirage III A changea de nom en août 1958 et devint le Mirage III C, suite à l’adjonction du radar Cyrano. La production du Mirage III se poursuivit de nombreuses années avec les modèles B, B2, BE, R, RD, et E. Près de 450 exemplaires furent produits pour la France, même s’ils ne servirent jamais en combat, ce qui ne fut pas le cas à l’étranger.
C’est Israël qui fit la première commande durant l’été 1959 avec 24 Mirage III CJ. Si les commandes continuèrent avec un certain succès, la guerre des Six jours, en juin 1967, et la démonstration de force de l’armée israélienne engendrèrent un énorme engouement pour les Mirage.
Le Mirage III C est un des avions de combat ayant eu la plus grande longévité d’utilisation.

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