Aviateurs en guerre

Aviateurs en guerre Afrique du Nord - Sahara 1954-1962

Sud Algérien, mercredi 10 août 1955.

Les quatre P-47 Thunderbolt tournoient dans un ciel bleu limpide, où leurs carlingues couleur métal rutilent dans les rayons du soleil. A 12.000 pieds d'altitude, ils piquent sur l'oasis de Sidi-Aoun dans laquelle des fellaghas armés sont retranchés. Sans aérofrein, les chasseurs atteignent une vitesse incontrôlable. L'altimètre tourne comme un réveil fou et la bille part en coin. D'un furieux coup de palonnier, les pilotes la ramènent au milieu, faisant glisser le réticule du collimateur hors de la cible. À proximité du soi, ils larguent les bombes "antipersonnel" avant de tirer le manche vers eux pour redresser. L'accélération est si forte que la vision est altérée par la présence d'un voile gris ou noir devant les yeux...

Dès novembre 1954, une guerre que l'Histoire parviendra difficilement à nommer débutait en Algérie.

Pour les fantassins français opérant au soi dans un pays immense et par des conditions climatiques extrêmes, l'appui de l'aviation s'est vite révélé indispensable. Durant huit ans, les pilotes et les équipages se sont efforcés d'épauler leurs frères d'armes arpentant les djebels, leur conférant ainsi une supériorité qui compensait l'avantage du terrain dont bénéficiaient souvent les moudjahidin. A bord d'hélicoptères dont l'utilisation opérationnelle est née en Algérie, d'avions à réaction ou de vétérans de la Seconde Guerre Mondiale comme le P-47 Thunderbolt et le North American T-6 de l'Armée de l'Air, le Corsair bleu de l'Aéronavale ou les Piper d'observation de l'Armée de Terre qui n'hésitaient pas à piquer pour baliser les objectifs, les aviateurs français ont été engagés dans tous les combats, au cours desquels les mitrailleuses ennemies ne les ont pas ménagés. La surveillance de l'espace aérien d'Afrique du Nord incombait également à l'aviation qui devait intercepter les appareils étrangers livrant des armes à la rébellion, ou qui tentaient de survoler le théâtre des opérations.

Ce livre a nécessité plusieurs années de recherches. L'auteur a retrouvé de nombreux pilotes et navigants dont les récits permettent, pour la première fois, de retracer l'action de l'aviation française en Afrique du Nord et au Sahara de 1954 à 1962.

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